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Ronan LE GRAND - Catalogue de la Biennale Rêv'Art 2013

Avec Hervé Duval, on remonte à la source, à ce moment magique où l'énergie s'empare des gouttes d'eau, ce moment où le courant du fleuve passe entre les êtres, ce moment où l'invisible se coule dans une forme. Exulte dès lors la matière de la peinture.

Frédéric CUBAS-GLASER - Catalogue du Salon Manganèse 2013

Hervé Duval fait partie de ces artistes qui développent un univers à nul autre semblable, avec une technique qui lui est propre, infiniment aboutie.

De la nuit épaisse et texturée s'extraient peu à peu pour animer la toile en surface, les silhouettes immanentes et silencieuses. Mais c'est aussi une immersion picturale puissante pour le spectateur, dans un univers vibratoire, osant les mictions huilées impossibles, les enchevêtrements colorés les plus vifs mais aussi les plus harmonieux.

Ronan LE GRAND  - Catalogue Biennale Rêv'Art 2011                  

" Sous les tableaux, d'autres tableaux " disait Pablo Picasso à la mesure de ses repeints, de ses repentirs.

Les peintures d'Hervé Duval sont faites d'une multiplicité de couches. Peindre c'est parfois enlever de la surface pour révéler en profondeur, jouer des apparitions, des disparitions, créer des émotions. A notre esprit, parfois par surprise, reviennent ainsi des images, des souvenirs, des regrets aussi... avec parfois une intensité qui pourrait faire penser qu'on le revit !

L'invisible, du visible pas encore perçu et n'est-ce pas la mission du peintre, rendre visible ? 

Les peintures d'Hervé Duval nous donnent à éprouver les présences dans les absences. Cela naît parfois d'un écaillement, d'un brouillard de taches, comme celles des photos anciennes de proches aujourd'hui disparus qu'on ne peut regarder trop longtemps.

Les peintures d'Hervé Duval nous donnent à voir ceux-là même qui donnent l'inspiration.

Suzel-Ania CHARBONEL - Galerie Le Volozen - 2004

    (...) "Je ne revendique pas le rôle de passeur mais plutôt celui de passage", déclare Hervé Duval, "J'aime l'idée que je ne suis pas seul à peindre le tableau en train de se faire. Après quelques années de pratique, entre 1985 et 1987, j'ai peint les quatre mêmes supports, recouvrant quotidiennement le travail de la veille, sans regret pour les images disparues, sans l'envie de faire une oeuvre et encore moins de la montrer. Période très introvertie, d'expériences et d'expérimentations, bien loin du

"regard de l'autre".

 Le point de vue du regardeur que je suis, ne peut qu'être alerté par l'évidence de ces quelques mots, qui situent la démarche d'Hervé Duval dans cette période de 85/87 comme une quête spirituelle, en référence à une nécessité intérieure qui implique des temps où, comme l'affirmait André Breton, "l'être se recharge en milieu isolé", où les images éphémères semblent sous-tendre le voyage aux tréfonds de soi, pour l'artiste qui se livre à une sorte de rituel divinatoire : l'interrogation comme autant de rêves interprétés. Ceci n'est pas sans me faire penser aux peintures de sable des chamans navajos dispersées aux quatre vents après leurs cérémonies.

Aujourd'hui, Hervé Duval réalise des oeuvres qu'il offre au regard des autres, à partir de modes opératoires issus, me semble-t-il, de cette phase expérimentale, où toute trace du parcours de recherches, étaient vouées à l'effacement.

A ceci près, que la trace, l'image occultée par recouvrement, il va la faire réapparaître dans une réalité nouvelle, révélée par diverses techniques. Il va au cours de la réalisation du tableau, allier le hasard et la maîtrise en mettant en oeuvre diverses formes d'automatismes "pour explorer, comme il aime à le dire, les terres inconnues, au plus intime de soi".

"La peinture, c'est ce qui se voit en soi" disait Max Ernst, grand inventeur lui-même de techniques de hasard pour forcer l'imaginaire. Ainsi Hervé Duval mêle-t-il l'automatisme gestuel aux automatismes mécaniques, tels que grattage, lessivage, ponçage... dont il interprète les résultats. Ces couches successives qui "remontent" à la surface du tableau évoquent autant de strates d'une géologie de l'autre versant de l'activité mentale, porteuse de traces inscrites dans une matière minérale, non sans analogies avec l'art pariétal. D'autant qu'une partie de celles-ci semble se muer en une suite de pictogrammes qui occupent peu à peu la surface du tableau ou s'organisent dans diverses grilles, aux cases lisibles dans tous les sens à la fois, jeux, narrations et pourquoi pas chants visuels ?                                       

J'aime la peinture qui me fait rêver. Et cette notion de passage qu'évoque Hervé Duval, n'implique-t-elle pas le voyage onirique, qui conduit ici, des voies intérieures à l'espace visuel du tableau, à même de révéler une part du jamais vu, d'y acheminer ces voix intérieures qui, par le temps de la genèse d'une image, communiquent des fragments de l'inconscient collectif ?

Voir peut-être, la mémoire enfouie du clan primitif.

Dans un catalogue de 1990, une citation d'Hervé Duval nous dit :

" J'ai besoin de me ressourcer dans le primitif et le sauvage." Là encore, je pense aux indiens d'Amérique : à ces sorciers yaquis qui, au Mexique, continuent de génération en génération à "rencontrer' dans leurs visions oniriques, un cerf qui n'existe pas dans la faune de leur région, mais qui était au centre de la civilisation de leurs ancêtres, il y a plusieurs milliers d'années, lorsque ceux-ci émigrèrent d'Asie par le détroit de Bering.

    A l'évocation d'une géologie de la mémoire inconsciente par laquelle j'ai tenté de rendre compte, pour une part, de ma perception de tels aspects de la peinture d'Hervé Duval, il convient d'ajouter celle d'une archéologie de cet autre versant de l'activité mentale, pour éclairer plus particulièrement ce par quoi, à mon sens, celle-ci s'implique dans l'interprétation du monde.

Michelle SCHULLER  - 1994 

Hervé Duval crée des oeuvres pleines d'invention, d'intelligence et de sensibilité. Ce grand garçon, modeste et discret, possède le regard qui sait s'attarder sur les choses : la boue qui sèche au bord des ornières, la peinture qui s'écaille sur un mur, la rouille qui ronge une ferraille et s'en émerveille.

C'est de cet amour du monde que naissent ces oeuvres où formes végétales et silhouettes humaines se disent dans un chant sensuel de la matière, qu'Hervé Duval explore et manipule en un véritable travail d'alchimiste.

Ces tableaux appellent une approche particulière : de loin, l'oeil se repose sur un bel équilibre de lignes, dans des tons sobres (dominance du gris, jeu d'ocres chaleureux), où percent ici et là quelques précieuses lueurs vives ; mais on devine dans la richesse du fond un grain qui réclame qu'on aille y voir de plus près : là, on découvre une remarquable richesse de matière qui évoque les plus somptueux aspects du monde minéral.

Hervé Duval, qui sait mêler harmonieusement des techniques diverses, a cherché longtemps, interrogeant procédés et matériaux, ce qu'on pourrait appeler son écriture, sa voix. Il semble l'avoir trouvée, rigoureuse autant qu'émouvante, mais il a surtout ce qui fait l'artiste vrai : le désir d'aller toujours vers du nouveau, de s'étonner pour nous enchanter.

" Sous les tableaux, d'autres tableaux " disait Pablo Picasso à la mesure de ses repeints, de ses repentirs.

Les peintures d'Hervé Duval sont faites d'une multiplicité de couches. Peindre c'est parfois enlever de la surface pour révéler en profondeur, jouer des apparitions, des disparitions, créer des émotions. A notre esprit, parfois par surprise, reviennent ainsi des images, des souvenirs, des regrets aussi... avec parfois une intensité qui pourrait faire penser qu'on le revit !

L'invisible, du visible pas encore perçu et n'est-ce pas la mission du peintre, rendre visible ? 

Les peintures d'Hervé Duval nous donnent à éprouver les présences dans les absences. Cela naît parfois d'un écaillement, d'un brouillard de taches, comme celles des photos anciennes de proches aujourd'hui disparus qu'on ne peut regarder trop longtemps.

Les peintures d'Hervé Duval nous donnent à voir ceux-là même qui donnent l'inspiration.

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